depuis 2015 je m'échine à dire que je suis cartonniste numérique. Je cartonnais alors depuis de nombreuses années quand j'ai voulu faire un meuble que j'avais modélisé avec un logiciel. Le résultat a été décevant, non seulement je n'ai pas pu fermer la structure de façon esthétique, mais de nombreux endroits n'avaient pas le volume escompté. C'est alors que j'ai entrepris un long cheminement qui m'a permis de décomposer tout volume en gabarit en carton qu'il suffit d'assembler pour en obtenir une copie fidèle.
J'avais modélisé ce meuble dans le cadre de recherches sur les volumes galbés que je ne parvenais pas à obtenir avec la technique des traverses.
J'ai commencé mes recherches d'une nouvelle façon de créer en carton en explorant manuellement les formes faisables à l'aide de triangles. J'ai rapidement développé comme meilleure hypothèse l'utilisation conjointe d'un squelette et d'un habillage, mais ce qui coinçait était le nombre de triangles que je parvenais à gérer manuellement.
C'est alors que j'ai pris la décision de concevoir mes créations carton en numérique. J'ai alors initié le projet Cartonner 3D, et qui a couvert petit à petit tous les domaines créatifs qui m'étaient accessibles grâce au numérique. Cependant, ce projet a eu un pré-requis de taille : l'accès à un outil de découpe numérique.
La seule solution qui m'était accessible était l'auto-construction, j'ai donc lancé le projet CNC qui m'a conduit à la fabrication de ma première machine découpeuse laser. La découpe laser qui n'était pas prévue au début s'est vite avérée intéressante parce qu'elle ne nécessite pas de contact avec la matière et donc peut se suffire d'une motorisation légère. Au début j'ai utilisé un laser d'une puissance de 2 Watts qui ne permettait que de couper du simple cannelure, et depuis 2 ans maintenant j'utilise un laser de 15 W qui peut découper du double cannelure même si c'est en plusieurs passes.
Afin de bien cerner les besoins du cartonnage en numérique, j'ai numérisé la plupart de mes créations existantes, essentiellement les meubles, plus d'une cinquantaine. Cela m'a permis de développer des outils adaptés à la conception de chaque type de meuble :
Après avoir travaillé plusieurs mois sur un logiciel permettant de décomposer un modèle 3d en gabarit de découpe de son squelette, je me suis trouvé devant une impasse pour le calcul des plaques d'habillage. Cela m'a amené à développer le projet Dépliage
Le dépliage numérique a été un projet mené en plusieurs étapes, tout d'abord il y en a eu une version manuelle très fastidieuse, mais qui permettait d'obtenir des dépliages faciles à faire. Cela m'a permis de déplier des modèles ayant jusqu'à 800 facettes. Puis, j'ai écrit une version automatique avec laquelle j'ai déplié plusieurs modèles comportant 2000 facettes.
Enfin, j'ai ajouté la possibilité de préparer des sections à déplier séparément. Cette séparation permet non seulement de grandement accélérer le calcul, mais il optimise l'assemblage et permet dans le cas de structure géométriques (comme les vases ou le mobilier) de pouvoir éliminer les numéros du gabarit.
Début 2020, j'ai lancé le site gilboonet.github.io pour présenter les différentes techniques de cartonnage numérique que j'utilise et surtout mettre en ligne les outils de calcul des gabarits depuis un modèle 3d.
C'est un outil artisanal prévu en priorité pour être utilisé sur pc, mais il fonctionne aussi sur tablette.
L'outil permettant de créer un gabarit depuis un modèle 3d est ici. Il est possible de l'utiliser pour créer un volume en tranches, en squelette entrecroisé, ou en facettes. Il aussi possible de créer du mobilier en associant un squelette et un habillage en facettes.
Le meuble est vraiment en volume, les façades comme les profils ne sont pas nécessairement planes. Il convient cependant de respecter des épaisseurs de cloisons inhérentes au carton.
Pour que les deux éléments composant le meuble soient correctement ajustés, il faut faire attention à créer le squelette en reduisant légèrement son échelle par rapport à celle de l'habillage de façon à ce que sa hauteur soit égale à la hauteur de l'habillage moins deux fois l'épaisseur du carton d'habillage.
J'ai fait ce travail pour que la création en carton devienne accessible au plus grand nombre. Aujourd'hui tout ce que l'on peut modéliser peut être fait en carton simplement en reproduisant ses gabarits calculés. La découpe numérique est encore loin d'être présente partout, mais elle est disponible dans la plupart des FabLabs et l'on peut s'équiper pour moins en moins cher. De plus, il est tout à fait possible d'imprimer un gabarit sur papier puis de continuer sur carton à la main.
J'envisage de commencer à produire des modèles de mobilier standard qui pourront être utilisés par ceux qui ne savent pas modéliser eux-mêmes. Toute proposition de modèle, tous avis sont bienvenus.